(KH.R) KHADIJA RIYADI, indésirable à Liège aussi?


(KH.R) KHADIJA RIYADI, indésirable à Liège  aussi?
Hassan Jarfi



Il était 20h30, dans la salle du Centre Culturel arabe en pays de Liège, NAGISABBAGH, prit le micro et introduit la conférencière devant une salle de 60 personnes, informées principalement via le mur du Centre.

« Madame Khadija Riyadi est une grande militante des droits de l’homme, car elle vient de recevoir un grand prix de l’ONU pour son combat ».

Pour participer à une conférence annoncée de « très haut niveau « –vu que le même prix onusien avait été décerné à Martin Luther King- le public pense que le prix de 1 euro pour le ticket d’entrée n’allait certainement pas servir au remboursement des frais de déplacement et du séjour de notre grande invitée.

A l’affiche, le parfum dégage déjà une odeur de guerre : « BATAILLE pour la démocratie et le droit des femmes »

Une équation à une inconnue, les femmes sont en guerre contre x…

Khadija que nous nommerons pour la facilité (KH.R), est d’ailleurs fonctionnaire dans le secteur des finances au Maroc, elle respecta l’introducteur et d’emblée annonça que le combat avait déjà commencé sous la colonisation du Maroc et sous l’égide du Parti Communiste français.

C’est ce qui semble ressortir du contenu « Après soixante ans d’indépendance, la femme marocaine ne participe toujours pas à l’activité politique comme l’homme, d’ailleurs nous n’avons qu’un seul parti présidé par une femme »

Une cascade de tableaux noirs, et de douche froide paralyse une partie de la salle, on voit quelques têtes se rapprocher des autres pour murmurer des commentaires, des têtes qui se retournent, des gsm sui sortent des poches,…il y a comme un malaise avec la conférencière, ses dires ne semblent pas rencontrer l’accord de l’auditoire ou en tout cas provoquent des réactions. Pendant ce temps, la tête scotchée sur son texte imperturbable, KH.R continue son récit

Sa description est apocalyptique, les femmes n’ont aucun droit, la Moudouwana n’a presque rien modifié, le Code du Travail, les statistiques, le code pénal, la vie politique et sociale, la vie économique, tout indique que la situation de la femme laisse é désirer.

Selon KH.R, le secteur le plus corrompu au Maroc, est celui de la Justice, qui est loin de défendre la femme au contraire, elle pénalise tout hébergement de femmes violentées, alors que l’État ne fait rien pour les héberger.

L’État permet l’exploitation des femmes, falsifie les résultats des élections et entretient un système qui maintient la femme dans son ignorance et son analphabétisme.

Les filles quittent les écoles vers l’âge de 12 ans et une bonne partie entre-elles sont recrutées par des réseaux de professionnelles qui les placent comme bonnes à tout faire pour 200 dirhams que le papa perçoit mensuellement.

Ces mêmes filles ne seraient pas égales devant la loi en cas de viol, selon leur état de virginité ou non.

Une fois mariées, la femme ne pourra pas donner sa nationalité à son mari, duquel aucun héritage ne serait permis s’il n’est pas de confession musulmane et avec qui toute relation est interdite.

Des relations sexuelles, il faut se marier pour les avoir, la consommation de l’alcool est interdite de même que le non-respect du jeûne du Ramadan publiquement.

Certainement, l’oratrice s’est débarrassée de son objectivité dans le vestiaire, aucune évolution n’a été mentionnée, aucun progrès, un discours qui lance des statistiques imprécises, les rations n’ont aucun contexte ce qui les rend incompréhensibles.

NAGISABBAGH, reprend le micro et soulage la salle, c’est le moment des interventions du public…

« Vous devez savoir que nous sommes royalistes, et nous aimons notre pays et , ce que vous ne savez pas , nous n’accepterons que personne n’en dise du mal, j’espère que vous m’avez compris» avait lancé un homme au visage de KH.R.

« Nous avons contacté un journaliste de la chaine du Maroc (occulté) pour diffuser l’information, pour qu’il donne un écho de cette conférence mais sans résultat »

« Je suis le journaliste que vous venez de nommer, vous ai-je déjà vu ? Non ! Alors ne dites pas n’importe quoi aux gens»

Une dame « : « dites-moi, pourquoi vous êtes venue, est-ce pour donner une image noire du Maroc ou parce que vous êtes sensibles à la condition de la femme ? »

KH.R : « je suis sensible à la condition de la femme, on dirait que vous n’avez jamais entendu parler de Tazmamart »

La dame : « justement, je peux en parler mieux que vous, car mon père faisait partie des prisonniers de Tazmamart, et la Réconciliation et les compensations ont eu lieu sous le roi Mohamed 6 , d’ailleurs Le ministre qui était l’auteur de ces drames s’est enfui en France et il est décédé, alors pourquoi vous en parlez encore ? »

Un homme : « Ce n’est pas ici que vous devez dire ce que vous avez dit, mais au Maroc, peut-être qu’on vous empêche d’en parler ? »

KH.R : « J’en parle, jour et nuit »

Un homme : « alors si vous êtes libres de vous exprimer là-bas, c’est bien la preuve que c’est une démocratie »

Un homme : « Le Maroc dépense 11 milliards pour les dégâts de l’alcool sur les routes »

- Oui mais cet alcool, il est produit par le Palais Royal

- Vous ne suivez pas l’évolution du pays, ce fut dans le passé tout cela »

Une femme : « pourquoi ne dites-vous pas la vérité ? Celle du Maroc que tout le monde peut voir à la lumière du jour ? Je trouve que votre discours est bizarre, pour qui travaillez-vous ? »

On a parlé également de ses richesse et nombreuses propriétés au Maroc, alors qu’elle qui vient parler au nom des travailleurs…

Les rafales des interventions, voire des insultes « vous n’êtes ni marocaine ni musulmane », le climat chauffait de plus en plus, on ne s’entend plus quand NAGISABBAGH, du haut de son estrade reprend le micro, pour rappeler au public de remercier KH.R de s’être déplacée du Maroc pour nous…Que le lieu est un lieu de débat ouvert qui permet à chacun de s’exprimer dans les règles de la convivialité.

À l’extérieur, des cercles se forment au gré des interventions, un sentiment de blessure marque les paroles, pourquoi est –elle venue ? Qui lui paye son voyage ? Que cherche-t-elle au juste ?

Emportant ces questions dans ma voiture, je démarre avec l’idée que la diaspora peut se réjouir de son esprit critique, et qu’elle se passerait bien de visiteurs semblables à KH.R. car dénuée de toute objectivité.

Par ailleurs, KH.R , n’a pas failli à sa réputation de « personnage non grata » chez la diaspora marocaine en Europe, ce que je trouve dommage, car le Marocain d’aujourd’hui doit être un citoyen qui accepte le dialogue dans les règles de la convivialité , dans le respect de la liberté d’opinion et de parole, tant que le fond ne vise pas à briser l’existence démocratique et citoyenne, et montrer que la tolérance ne se plie pas devant le discours KH.Rien. C’est ce qu’on appelle le Vivre Ensemble.

Hassan Jarfi

Militant pour les droits humains

Liège. Belgique